Les différents biocarburants

Aujourd'hui, on sait que le pétrole ne pourra subvenir éternellement à nos besoins. En effet, la disparition du pétrole d'ici quelques décennies se présente à ce jour comme un phénomène inévitable. De plus, avec la hausse des prix du pétrole ainsi que les conflits dans le monde liés à cette matière première aujourd'hui indispensable pour bon nombre d'utilisations, on commence à s'interroger sur ce qu'il se passera lorsqu'il n'y aura plus de pétrole dans le monde ; la principale interrogation est : lorsqu'il n'y aura plus de pétrole, quel carburant alimentera les moteurs ? Déjà à certains endroits, on utilise des moteurs hydrauliques ou électriques ; tout le monde cherche des carburants dits "verts". Aujourd'hui, une solution semble la plus prometteuse : les biocarburants.
Aujourd'hui, trois biocarburants semblent très prometteurs : les huiles végétales brutes, le bioéthanol et le biodiesel, alias Diester®.
Cet article vous permettra de consulter un descriptif de ces trois "enfants terribles" de la famille des biocarburants, mais avant tout un peu d'histoire :

Prologue : Les biocarburants dans l'Histoire

Les biocarburants ne sont pas une ressource nouvelle. Déjà lors des premiers pas de l'industrie automobile, les biocarburants étaient connus : à la naissance du moteur à explosion, son inventeur, Niklaus Otto, comptait utiliser l'éthanol comme carburant. De plus, le premier moteur diesel, du nom de son inventeur Rudolf Diesel, fonctionnait à l'huile d'arachide. Enfin, Henry Ford, pour faire rouler sa célèbre Ford T, automoblie construite de 1903 à 1926, avait pensé à l'utilisation d'éthanol comme carburant.
Après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, l'intérêt pour les biocarburants s'accrut. Cependant, l'engouement retomba vite avec, en 1986, la baisse des prix du pétrole.
Cependant, dans les années 2000, avec la hausse fulgurante des prix du pétrole, la situation instable de certains grands exportateurs de pétrole et la volonté de lutter contre l'effet de serre, l'intérêt des dirigeants pour la solution des biocarburants a repris de plus belle.

I. Les huiles végétales brutes (HVB)

L'huile végétale carburant peut être utilisée pour tous les moteurs diesel (d'ailleurs, à l'origine, inventés pour ce type de carburant).
Durant la seconde guerre mondiale, avec les difficultés d'approvisionnement en hydrocarbures, on prônait l'utilisation des moteurs à HVB.
Ces huiles peuvent être utilisées comme pures, à condition d'opérer des modifications mineures sur le moteur afin de réchauffer le carburant. En effet, la température de solidification des huiles végétales brutes est plus élevée que pour les autre carburants. Cependant, on peut aussi utiliser les huiles végétales comme carburant sans avoir à modifier le moteur en mélange avec du gazole ordinaire à des proportions de 30% d'huiles contre 70% de gazole, et ce sur tous les véhicules. Dans certains cas, il est possible d'aller jusqu'à 50% d'huiles végétales et 50% de gazole.
Il existe de nombreuses huiles végétales et animales ; en théorie, toutes peuvent être utilisées, pures, par conversion en biodiesel ou mélangées à d'autres carburants. En pratique, seules peu d'entre elles s'avèrent réellement intéressantes pour des questions de prix, de rendement de cultures et d'écobilan.

Aujourd'hui, les huiles végétales brutes les plus intéressantes sont :

- L'huile d'algues : certaines algues sont dotées d'une richesse en huile pouvant aller jusqu'à 50% de leur masse. De plus, leur croissance est très rapide : une récolte complète peut être effectuée en quelques jours seulement. De plus, leur rendement est nettement supérieur à celui des plantes terrestres car les algues étant des organismes pluricellulaires et le milieu aqueux dans lequel elles baignent leur offrant un meilleur accès aux ressources nécessaires à leur croissance, celle-ci est plus rapide. Selon le scientifique John Sheehan du Laboratoire Américain des Énergies Renouvelables (NREL), les algues microscopiques peuvent synthétiser jusqu'à trente fois plus d'huile par hectare que les plantes terrestres utilisées pour la fabrication des biocarburants. Le rendement des algues en huiles varie en fonction de la surface d'exposition au soleil. Aujourd'hui, les États-Unis s'intéressent particulièrement à l'utilisation des huiles de microalgues à l'échelle industrielle.

- L'huile d'arachide : les avantages de l'huile d'arachide sont sa polyvalence et surtout le fait qu'elle ne nécessite pas de raffinage pour pouvoir être cuites sans risque cancérigène ; cependant, cette huile se figeant à une température de 13°C, son utilisation en tant que biocarburant s'annonce très difficile.

- L'huile de colza : à ce jour, c'est l'huile végétale brute la plus intéressante en ce qui concerne l'utilisation en tant que biocarburant. En effet, elle est facilement utilisable du fait de sa pauvreté en acides gras saturés. De plus, son faible coût ne fait que rendre l'huile de colza plus intéressante.

- L'huile de tournesol : cette huile très légère est très utilisée comme biocarburant ; en effet, il s'agit de l'huile végétale la plus intéressante sur le plan de l'écobilan. Cependant, elle a la particularité de contenir plus de gomme que l'huile de colza, ce qui joue en sa défaveur ; en effet, cela aura pour effet de boucher plus rapidement les conduits d'alimentation en carburant.

On peut même utiliser des huiles-déchets comme les huiles de fritures usagées, les huiles de poissonneries ou les graisses d'abattoir après décantation et filtration à un micron. Très oxydées, leur combustion est meilleure ; de plus, leur utilisation présente l'avantage de recycler un déchet issu de la biomasse pour la production d'énergie à la place de produits d'origine fossile.
Cependant, même si son utilisation ne requiert pas de culture supplémentaires et permet de ne pas avoir à les rejeter dans la nature, il serait difficile d'en utiliser en très grande quantité, les sources pouvant fournir ces huiles s'avérant peu nombreuses. De plus, la forte acidité de ces huiles représente un risque important d'usure du moteur à moyen terme.

II. Le bioéthanol

Le bioéthanol est un biocarburant destiné aux moteurs à essence. Il est possible d'obtenir du bioéthanol à partir de n'importe quels végétaux contenant du saccharose, du glucose (voir notre expérience) ou de l'amidon, soit par extraction du glucose ou du saccharose puis par fermentation, soit par distillation de l'amidon. Cet éthanol n'est autre que l'alcool éthylique, que l'on trouve aussi dans toutes les boissons alcoolisées.
Le bioéthanol est utilisé en mélange avec de l'essence. Le pourcentage d'éthanol dans le mélange peut aller de 5 à 85%.
Au-delà de 20% d'éthanol, les moteurs doivent être sujets à des adaptations en raison du caractère corrosif de l'éthanol.

En Europe, l'éthanol est plutôt transformé en ETBE (Éthyl Tertio Butyl Éther) ; cet ETBE peut être incorporé à l'essence jusqu'à un pourcentage de 15%. L'avantage de cette transformation réside dans le fait que, contrairement au mélange éthanol / essence, le mélange ETBE / essence tolère la présence de traces d'eau.

En 2003, la production de bioéthanol dans le monde était de 22 milliards de litres, dont 620 millions dans l'Union Européenne.

Le bioéthanol est surtout utilisé comme biocarburant sous le nom de E85. Ce mélange constitué de 85% d'éthanol et de 15% d'essence est actuellement utilisé aux États-Unis et en Suède. En France, l'E85
a obtenu le feu vert du gouvernement le 1er juin 2006 pour son expérimentation, notamment dans deux régions dites pilotes : la Champagne-Ardenne et la Picardie.
Il est parfaitement possible de rouler à l'E85 sur un véhicule récent, à condition de reprogrammer l'injection ; cependant, l'utilisation de l'E85 dans un moteur "normal" pourrait entraîner la dégradation plus rapide de certains de ses éléments.

III. Le bio-diesel ou Diester®

Le biodiesel peut être obtenu à partir d'huile végétale ou animale transformée par un processus dit de transestérification. En France, on parle de Diester® ; cette appellation est une marque déposée.
On peut utiliser du biodiesel seul dans les moteurs, mais on préfère souvent le mélanger avec le pétrodiesel, c'est-à-dire le diesel "courant". En effet, le biodiesel est susceptible de figer dans des situations de basses températures ; mélangé à du pétrodiesel, ce phénomène est atténué. Ce mélange a pour nom le B--, où -- est le pourcentage de biodiesel dans le carburant.

Le biodiesel présente l'avantage d'être issu d'une énergie renouvelable, l'huile végétale brute, n'augmentant pas le taux de dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère ; en effet, la plante dont on extrait l'huile consomme par photosynthèse autant de dioxyde de carbone que celle qui sera dégagée par la combustion du biodiesel; d'où un certain équilibre.
Cependant, le biodiesel s'avère plus visqueux que le pétrodiesel, et est doté d'un caractère corrosif qui entraîne la dégradation du caoutchouc naturel ; or celui-ci est utilisé dans les joints des moteurs, c'est pourquoi il est essentiel de contrôler régulièrement la qualité des joints si l'on utilise du biodiesel pur. Ce caractère corrosif encourage lui aussi l'utilisation du biodiesel mélangé à du gazole.
De plus, le biodiesel est plus cher que le gazole, d'où la nécessité d'un "encouragement fiscal" sous peine de ne rien changer à la crise économique qui est aujourd'hui la cause principale du fort intérêt de la population pour les biocarburants.

Enfin, le dernier inconvénient attribué au biodiesel est le fait que les performances des moteurs fonctionnant au biodiesel seraient moins satisfaisantes que celles du gazole ; cependant, cela reste encore à démontrer.